Geis et Inferni : faire un héritage, c’est bien, le défaire, c’est pire, surtout quand la tournure est… diabolique

Que se passerait-il si un héritage venait un jour changer votre vie. Que ce soit dans la famille ou d’un illustre inconnu (pas ceux qui essayent de vous arnaquer par mails interposés, hein !), l’héritage reste un thème prisé quand il s’agit d’emmener les personnages de fiction dans une aventure plus ou moins lointaine, plus ou moins fantastique. Voir même satanique. La preuve avec les deux premiers tomes des séries Geis et Inferni.

©Boriau/Grelin chez Jungle

Geis, malheur aux vaincus et aux vainqueurs aussi !

Résumé de l’éditeur : La matriarche est en train de mourir. Sans héritier, elle imagine un concours qui laissera au destin le choix de son successeur. Quand vient la nuit, ils sont nombreux ceux qui croient en leur chance. Le riche, le fort, le sage, le puissant…

© Alexis Deacon chez Gallimard

Originaire d’Angleterre et trempé dans une atmosphère médiévale qui fait froid dans le dos, Geis est issue de l’imagination débordante de l’auteur jeunesse (mais pas que comme cet album nous l’apprend) Alexis Deacon et trouve aujourd’hui sa place en français aux Éditions Gallimard, pas si loin de l’adaptation des Royaumes du nord par Melchior et Oubrerie. Ainsi, à la lueur des torches ancestrales, dans Une question de vie ou de mort, Alexis Deacon nous convie à la mort de Matarka. Trouvez-vous une petite place parce qu’en cette nuit fatale, pas moins de cinquante personnes, grands de ce monde pour la plupart, sont réunies au chevet de l’agonisante matriarche. Un dernier souffle et elle la cheffe respectée n’est déjà plus là, son corps souillé par la venue d’une ombre diabolique. Celle de la sorcière Niope. D’humeur joueuse et dangereuse, la noire magicienne entend bien changer les règles du grand concours qui accouchera du nouveau meneur. Désormais, une seule loi incombera aux participants, réussir ou… mourir. Car dans ce jeu, l’abandon n’existe pas et d’élu, il n’y en aura qu’un. Et le mot gaélique Geis prend alors tout son sens : une malédiction dont on ne peut se défaire que si l’on en respecte les règles.

© Alexis Deacon

Premier album adulte de cet auteur qui a fait ses preuves dans les albums jeunesse, ce premier tome de Geis, non content de nous introduire dans cet univers où bientôt tous les coups seront permis, ne choisit pas vraiment son clan. Et si la couverture se place du côté de la fille du seigneur Cerf-Volant (la plus jeune membre de ce groupe de jouteurs mal assortis tant ils divergent en apparences mais aussi en facultés, même s’il est sûr que le plus robuste ne sera pas forcément le gagnant), rien n’est moins sûr quant à l’issue de ce championnat de la mort qui tue (et transforme les vaincus en sbires de Niope). D’autant plus que tous se retrouvent parachutés aux quatre coins du royaume, semés d’embûches et de monstres carnaciers.

© Alexis Deacon chez Gallimard

Dans ce premier tome (sur trois), on se croirait dans une épreuve inédite de la Coupe de Feu que J.K. Rowling aurait omis de présenter à Harry Potter. Et Alexis Deacon prouve toute l’étendue de son talent sans renier ses origines, en évitant les pièges de narration que pourrait poser une telle aventure. Ainsi passe-t-on des ténèbres à la lumière en un éclair tout en suivant les pas de ces personnages formant une galerie étonnante, loin des vrais héros et des mercenaires récalcitrants. C’est peut-être parce que chacun possède ses failles, que l’issue de l’aventure se révèle bien incertaine. Hargneux, glacial, épique et semblant sorti d’un vieux grimoire qui n’a rien perdu de la force de ses sortilèges.

© Alexis Deacon chez Gallimard

Titre : Geis

Tome : 1/3 Une question de vie ou de mort

Scénario, dessin et couleurs : Alexis Deacon

Traduction : Emmanuelle Casse-Castric

Genre : Aventure, Héroïc-fantasy

Éditeur : Gallimard

Nbre de pages : 88

Prix : 17€

Date de sortie : le 26/01/2017

Extraits :

Inferni : manoir hanté, le mot est faible, bienvenue aux portes des enfers

Résumé de l’éditeur : Et si votre héritage était un monde secret ? Suite au divorce de ses parents, Anton doit aller vivre chez sa tante Méryl qu’il n’a pas vue depuis des années… Elle vit dans un manoir effrayant où se cache un secret qu’aucun homme ne devrait découvrir !

© Boriau/Grelin chez Jungle

À ce vieux manoir terni de tristesse, Anton aurait sans nul doute préféré une suite au Ritz en guise de lot de compensation à la séparation de ses parents. Rien de tout ça et voilà donc le jeune gamer obligé de faire avec sa chambre miteuse et l’humeur massacrante de sa tante à jamais en deuil de son mari. Heureusement qu’il y a la cuistot Léonie qui donne un peu de vie à cet enfer. Enfer ? Vous ne croyez pas si bien dire. Parce que quand les peluches s’animent et que des tableaux démoniaques semblent dormir dans une pièce oubliée, le paranormal n’est pas loin. N’en déplaise à la nouvelle amie d’Anton, Alice, qui tente par tous les moyens de trouver des explications aux apparitions fantomatiques. Mais là, il semblerait que ce soit peine perdue.

recherches de personnages © Boriau/Grelin

Au-delà de l’aspect gadget de sa couverture (éh oui, elle est phosphorescente), à la faveur de la pleine lune ou pas, Inferni marque la rencontre entre le spécialiste du récit fantastique pour la jeunesse, David Boriau, et le dessinateur speedé, Grelin. Un duo qui ne fait pas dans le détail quand il s’agit d’entrer de plein fouet dans une histoire. Et pas question non plus de nous refaire le coup de Casper, même si l’ambiance de ce manoir pourrait s’y prêter.

© Boriau/Grelin chez Jungle

Ainsi, découvre-t-on l’univers barge de cette série qui manie humour et frissons mais aussi confrontation harcelante à la cour de récré et personnages à croquer (ce petit bouquetin) comme inquiétants (ce jeune fou de Dieu pas si loin d’un certain Malefoy) Tout ça ne pouvait que mal finir et les deux auteurs enchaînent les planches à une allure du feu de dieu, sous le couvert d’un trait jeunesse qui parlera pourtant aussi aux grands. Et ce, même si toute la capacité dantesque du dessin de Grelin est parfois un peu sacrifiée à l’expressivité et à l’impression de vitesse que Grelin semble vouloir donner coûte que coûte à son trait. Un petit détail qui n’arrive cependant pas à gâcher sa force et le plaisir de cette lecture délirante et inspirée. Et dire que l’enfer ne fait que commencer.

Série : Inferni

Tome : 1 – Héritage

Scénario : David Boriau

Dessin et couleurs : Grelin

Genre : Fantastique, Aventure

Éditeur : Jungle

Nbre de pages : 72

Prix : 12,95€

Date de sortie : le 22/03/2017

Extraits : 

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