Slimane à Colfontaine : l’enfant de la rue est devenu grand et… désarmant

Il y a presque un an, Slimane remportait The Voice France. Après dix ans de galère, il atteignait la consécration dont tout artiste rêve. Un album plus tard, le voilà arpentant les scènes de France et de Navarre; il a rendez-vous avec le succès mais pas que… Le public l’attend, l’amour dans le cœur, la ferveur au fond des yeux. 25 mars 2017, il est en Belgique, Colfontaine l’attend avec impatience, nous étions là, prêts à vivre un grand moment…

Slimane @Colfontaine - Espace Magnum (25-03) (3)

Sortant de l’ombre, avançant sur le devant de la scène dans sa grande veste noire, Slimane apparaît sous les acclamations d’une salle remplie. La première chanson qu’il entame est celle qui ouvre son album; L‘enfant de la rue. Déjà, l’artiste débute l’histoire de sa vie, avec sincérité et émotion, le tout conté au moyen de cette voix transcendante si reconnaissable. La puissance, la justesse, la précision ; cette première performance nous offre la plus belle des promesses pour la suite de la soirée.

Il ne faut pas longtemps pour qu’une étrange communion se mette en place au sein d’un public tout à fait éclectique. L’intro d’Adieu résonne dans la salle et le public, d’une seule voix, se met à chanter. Adieu, à jamais, à nos souvenirs sur le port, à nous deux, au passé, à la vie, si je m’en sors. Slimane s’arrête même de chanter quelques instants, pour écouter, pour profiter de ce moment magique durant lequel des centaines de personnes se mettent à chanter. Sur ses lèvres, un sourire heureux. On peut y lire un waouh. Il a raison de s’émerveiller, c’est un vrai beau moment de partage que nous vivons tous, ensemble.

Et, quand vient le moment tant attendu du piano-voix, l’émotion est à son comble. La salle retient son souffle, le show man se retire dans l’ombre pour partager avec nous un moment d’une élégante simplicité. Slimane reste sur scène avec son pianiste et ami de longue date Yaacov Salah. Il nous parle de l’Orphée, ce petit bar de la rue Pierre Fontaine à Pigalle. Apparemment, parfois on peut y entendre la chanson qui lui a valu l’adoubement des quatre coachs de The Voice lors de son audition. Il ne pouvait pas ne pas la faire… À fleur de toi, reprise de Vitaa, fait vibrer tout le public, pendu aux lèvres de cet artiste qui semble avoir tout compris des mots qu’il prononce. Seul dans la lumière de cette grande scène, un projecteur braqué sur lui, il se présente comme un homme prêt à sortir tout ce qu’il y a de mieux en lui et à l’offrir sans compter. À la manière de ces grands interprètes qu’on peine à oublier, son regard passionné est rivé vers le haut, comme inspiré par quelque chose de plus grand. Et, comme s’il avait besoin de prouver son talent, c’est à un monument de la chanson française qu’il s’attaque ensuite. Je suis malade, complètement malade, nous assène-t-il de cette voix qui nous arracherait des frissons d’exaltation. Comme sur cet autre adaptation/mash-up sur le Who you are de Jessie J couplé à Zina de Babylone.

Cette première rencontre est merveilleuse. On rit, on danse, on chante, on pleure parfois, car l’émotion est bien là imprégnant ses chansons. Même derrière les plus énergiques se cache un récit qui mérite d’être raconté. On redécouvre ses textes, on apprend leur histoire, une histoire intimement liée à l’artiste qui leur a donné naissance. Sans filtre, Slimane nous fait part de ses valeurs, de belles valeurs d’amour, de respect, de partage. Comme dans Je serai là, véritable déclaration de fidélité éternelle à sa maman. Et comme la famille est importante à ses yeux, c’est ensuite ses origines qu’il met en lumière avec son superbe titre Le Grand-Père. Récit de l’exil de son aïeul, qui a quitté son pays pour se donner le droit de rêver. De l’émotion, toujours de l’émotion mais jamais racoleuse. Slimane se livre avec une sincérité et une humanité qui force le respect. Il en impose de par son charisme classieux. Et puis il possède un incroyable don: sa voix… Cette voix qui semble abriter le vécu de mille hommes, plus même, et qui est encore plus surpuissante que sur l’album.

Le temps passe vite, beaucoup trop vite. Les morceaux s’enchaînent ; Frérot, On s’en fout, Tu m’aimes bien pour lequel il s’offre un duo avec June, et l’incontournable Paname, marquant le retour du fameux bonnet, porte-drapeau de cet artiste singulier. Paname, Paname on arrive, entonne-t-il, créant l’effervescence dans toute la salle.

Mais, le point d’orgue de ce show tout en en finesse vient sans aucun doute avec la chanson Abîmée, originalement chantée par Léa Castel (qui l’a depuis reprise en duo avec le gagnant de The Voice). La force des paroles, la superbe rage avec laquelle Slimane chante, tous les ingrédients sont réunis pour une dérouillée émotionnelle. L’enfant de la rue est devenu grand, c’est vrai. Après dix ans de galère, il occupe le devant de la scène et tous les regards sont braqués sur lui mais son humilité bouleverse et efface tout de ce côté superstar qu’on aurait voulu lui accoler. À côté de moi une petite-fille d’à peine six ans est debout sur sa chaise, depuis le début elle chante, elle connait les paroles de bout en bout et le bonheur se lit sur son visage. Elle est au bord des larmes, touchée en plein cœur par cet être rempli de lumière qui inonde son public de gratitude et d’amour. Écrasant d’humanité, Slimane est un être humain avant d’être une personnalité publique, il se place au même niveau que nous, ses admirateurs d’un soir. Preuve en est qu’il n’hésite pas une seconde à faire monter sur scène une jeune fille qui a effectué une collecte de fond pour l’association dont il est le parrain. S’il est intègre par rapport à son public, il l’est aussi par rapport à son art. La musique le passionne, il la respecte profondément et ne souhaite que la partager.

Et ce qui devait arriver arriva ; la fin. Ou plutôt l’apothéose de ce concert haut en émotions. Slimane, sourire aux lèvres, gratitude en étendard, s’incline, remercie son public, son équipe. Une équipe qu’il met en avant, se retirant même vers l’arrière pour leur laisser toute la place sous le feu des projecteurs. Car c’est une équipe qui fonctionne, dont il peut être fier, et il l’est ! Des danseurs pris dans des chorégraphies magnifiques, aux musiciens en passant par la lumière tout était en place pour livrer un spectacle magistral ! Et ça y est, Slimane et sa team chevilles à l’air sont déjà repartis. On les aime et on ne les oubliera pas, c’est certain !

5 commentaires

  1. C’est bon de lire ce que l’on ressent sans avoir néanmoins assez de talent pour l’exprimer. Superbe hommage à ce chanteur qui, un soir de casting, a volé mon cœur. Je suis impressionnée par votre écriture …..Un bouquin bientôt Alizée ???

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