Third Star affronte le cancer à coup de bières, de blagues et de potes

Il est des films qui prennent leur temps pour arriver jusqu’à nous. Bien souvent ce ne sont pas de leur faute (car, non, ce n’est pas aux direct-to-dvd bas de gamme qu’on veut en venir), mais bien celle d’agents perturbateurs extérieurs comme un manque d’argent, un producteur réticent ou même un public trop peu investi. Sans nul doute, Third Star (réalisé en… 2011!) fait partie de ces films… Néanmoins, une fois qu’ils se sont lentement frayés un chemin jusqu’à nous, se glissant habilement entre les monstres blockbusters et autres superproductions, on peut enfin pousser un ouf de soulagement ou de surprise parfois, car ils en valent tellement la peine ! 

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James va avoir 30 ans. Gravement malade, il a du mal à se déplacer. C’est sans compter sur la bonne volonté de ses trois amis qui fabriquent un chariot pour partir en voyage le long des côtes maritimes du Pays-de-Galles. Sac sur le dos, Davy, Miles et Bill emmènent leur ami. Une aventure drôle et touchante durant laquelle les quatre amis vont de catastrophe en catastrophe et de révélation en révélation.

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Un film sur le cancer, encore un ! Pas très réjouissant, n’est-ce pas ? La première réaction face à ce genre de synopsis est de se dire, et c’est légitime ; soit ce sera une histoire d’amour tragique, dans le meilleur des cas, soit ce sera larmoyant à souhait dès les premières minutes. Eh bien, Third Star, cet ovni du cinéma n’est absolument rien de tout cela ! À vrai dire, il dynamite tous les codes avec dextérité et nous livre, sans complexe, un produit fini assumé et original. Et ça fait du bien ! Certes le thème principal reste assez pesant, car s’il l’on aborde le sujet douloureux du cancer, on touche toujours au sujet encore plus délicat de la mort. Mais Third Star c’est avant tout un film qui nous apprend à affronter la mort à coup de bière, de blagues, de vacances et de potes, surtout des potes.

Car ce petit bijou de Hattie Dalton c’est d’abord et avant tout une grande et belle histoire d’amitié. Une amitié si forte, portée par une phénoménale alchimie entre les acteurs principaux, qu’elle transperce l’écran pour nous toucher en plein cœur. Dès les premières minutes, ce groupe d’amis, en partance pour une aventure qui changera leur vie à jamais, nous intègre à leur joyeuse bande et tout ce qu’ils vivent, on le vit également. On rit avec eux, on pleure avec eux ; on vibre avec eux, tout simplement. Et si leur aventure nous touche, c’est parce qu’elle en devient tellement belle que secrètement, on voudrait aussi la vivre, et cette fois pas par écran interposé.

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Outre son scénario en béton, à la fois cocasse et extrêmement sincère, il est certain que le film ne serait rien sans son quatuor d’acteurs authentiques et talentueux qui, pour la plupart, ne sont pas assez valorisé sur nos grands écrans. Parlons d’abord de celui que l’on ne présente plus, le messie du cinéma anglais, évoluant avec brio tant sur les planches que devant les caméras et même sur les ondes des radios britanniques. J’ai nommé Benedict Cumberbatch qui cette fois endosse, et ce magistralement, le rôle de James, ce jeune malade rêvant à de grandes épopée. L’acteur évolue avec sa classe habituelle dans les travers de ce personnage si sombre par moment et pourtant tellement flamboyant. À ces côtés, un autre acteur aux multiples facettes qui vaut la peine que l’on s’y intéresse; Tom Burke. Dans le rôle du meilleur ami de longue date effrayé par la mort, Burke excelle et livre peut-être la performance la plus marquante de ce film. Quoique, l’apparition furtive de Hugh Bonneville, à des lieues de son inoubliable incarnation du Comte de Grantham dans Downton Abbey, n’en démérite pas absolument pas !

Third Star c’est donc un film d’amitié, avant même d’être un film de maux. Ce que cette histoire vibrante nous transmet c’est que là où le malheur frappe, l’amitié reste, et tel est son si beau message de vie. En plus d’être magnifiquement filmé et mis en scène, cette pépite nous emporte encore plus loin avec une bande son incroyable qui ajoute une dimension presque céleste au long métrage. Car le cinéma ce n’est pas qu’un acteur ou un réalisateur, c’est un tout, et lorsque ce tout est parfaitement harmonieux, il faut le dire…

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Il est des moments marquants dans la vie d’un cinéphile. Des moments qui vous laissent sans voix face à un film, pantois, chancelant, groggy. Ces moments sont rares et souvent inattendus à l’heure actuelle, mais ils existent bel et bien. Third Star et son casting brillantissime nous livre généreusement un de ses moments. Les dernières minutes sont d’une brillante intensité, et si elles mettent sans vergogne nos émotions à rude épreuve, elles restent gravées dans la mémoire, sans doute pour nous rappeler, encore longtemps après, ce grand film qui nous aura transporté au cœur d’un Pays de Galles magnifique pour accompagner un personnage somptueux au crépuscule de sa vie

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Third Star (Troisième étoile à droite)

de Hattie Dalton (2011)

Avec : Benedict Cumberbatch, Tom Burke, JJ Feild, Adam Robertson, Hugh Bonneville, …

Durée : 92 min

Sortie : 7 octobre 2015

Distributeur : KOBA Films

2 commentaires

  1. Je découvre tout juste cette critique. J’ai découvert ce film en 2011 et par la même occasion Tom Burke qui y est effectivement très émouvant. Pour l’avoir vu, depuis, deux fois sur scène depuis, je confirme que sa prestation dans TS n’était que le début d’une brillante carrière, c’est devenu un grand. Dommage que le doublage de ce film et les sous-titres français ne fassent pas honneur au texte d’origine en enlevant une grande partie de la finesse et de l’humour.

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