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And Also The Trees: une madeleine de Proust so british

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Cette chronique s’adresse aux quadras & qinquas et aux plus jeunes qui savent qu’il y a eu une vie musicale avant les années 90…

Il y a des groupes qui font leur come-back après près de 20 ans d’absence, pour le plus grand bonheur des fans. Le meilleur exemple récent étant les Innocents avec leur album Mandarine et les concerts qui ont suivi : Branchés Culture vous en parlait en novembre dernier.

Il y a des groupes ou artistes qui n’ont jamais arrêté mais dont on se dit qu’une retraite bien méritée aurait été préférable à cette prolongation artificielle d’une carrière qui n’en finit pas. Ne citons pas de nom par charité 😉

Et à côté, il y a des artistes qui n’ont jamais arrêté mais dont vous n’avez plus croisé la route depuis de longues années parce que voilà, les opportunités n’ont pas été là, vous avez manqué de temps pour voir tous les concerts que vous auriez aimé suivre, le boulot, les enfants,… bref, la vie !

Mais ces artistes poursuivent leur chemin avec passion et talent sans discontinuer, sortant tous les 2, 3, 4 ans un nouvel album, n’arrêtant pas la scène et un jour de mars 2016, vos routes se croisent à nouveau.

Dans une cave bruxelloise, un lieu exigu bien loin des Palais 12 et autres Forest-National : l’Os à Moëlle, ce cabaret mythique qui accueillit en son temps l’illustre Barbara.

And Also The Trees était en concert en Belgique. Le quadra de Branchés Culture y était aussi !

And Also The Trees, ce groupe souvent qualifié de cold wave mais qui résiste aux étiquettes, qui fit plus d’une fois la première partie de The Cure.

A peine entré dans le lieu, je me retrouve transporté au début des années 90. Bernard Hemblenne (de l’agence de booking Intersection) accueille le public, le même Bernard qui a permis à ma génération de découvrir tant de groupes grâce aux concerts qu’il organisait via l’asbl « Les fruits de la passion » à l’époque.

J’évoque rapidement avec lui des souvenirs de la grande époque, celle de mes vingt ans, de la Vierge du Chancelier Rolin dont il organisa plusieurs concerts (et qui fit la première partie d’AATT à Liège il y a fort fort longtemps :)).

« Le chanteur est là » me dit-il. Il me parle de La Vierge du Chancelier Rolin et pas d’And Also The Trees. Et oui, Laurent Leemans est au premier rang d’une salle à peine plus grande que mon living (oui, j’exagère un peu…). Je le rejoins et on évoque le bon vieux temps, on parle de Brian Epstein, le cinquième cinquième Beatles (ce serait long à expliquer…).

La scène est basse, le public est proche, le plafond n’est pas très loin… Niveau proximité, difficile de faire mieux !

On est bien loin de ces concerts où des artistes vieillissant cachent leurs rides en interdisant les appareils photo jusqu’à la régie !

Dès les premières notes de « Your guess » (qui ouvre le concert ainsi que le nouvel album « Born into the waves ») sur la mythique guitare rouge de Justin Jones, le public se retrouve transporté dans l’univers d’And Also The Trees. Dès que Simon Huw Jones, le chanteur/leader, met ses cordes vocales en action, on sait avec certitude que ce concert était une bonne idée.

Retour à une approche plus rock « guitare – basse – batterie », après d’autres tournées plus acoustiques, notamment lors de l’album « When the Rains come».

Les titres s’enchainent, alternant les époques, les plus anciens comme « A Room lives in Lucy », « Dialogue » ou encore « Virus Meadow », comme les plus récents sans baisse de régime. Le spectateur connaissant peu la carrière d’And Also The Trees serait d’ailleurs bien en peine de devoir séparer les titres plus anciens et les plus récents.

L’avantage de n’avoir jamais cédé à aucune mode… est précisément de ne jamais être démodé.

Le look intemporel so british de Simon – que seul le leader de Feu Chatterton ! ose encore aujourd’hui – habille au propre comme au figuré le personnage car on est au-delà de la simple interprétation de chansons : Simon est habité par ses textes, il est en transe (l’état psychique et pas l’effet de la chaleur).

Pendant près de deux heures, le groupe de d’Inkberrow nous donne une véritable leçon musicale: beaucoup de talent, autant de passion, énormément de sincérité sont bien plus important qu’un quelconque formatage et une salle de petite taille (200 ? 250 places ?) vaut tous les bercy du monde si ces ingrédients sont réunis.

Et ce n’est pas un ongle cassé chez Justin qui va empêcher un groupe actif depuis la fin des années 70 (même si autour du duo Simon/Justin, les membres ont évolué depuis) de s’éclater sur scène, avec des moments drôles comme lors du premier rappel, où Simon semble se voir imposé le morceau du rappel par les musiciens…

Oui, définitivement, ce concert d’And Also The Trees était une bonne idée.

SETLIST

 

Compte-rendu et photos : Benoît Demazy

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