Renaud n’en finit plus de revenir, écoutez une deuxième chanson de son album

À peine remis de son retour tonitruant, Toujours debout, voilà que resurgit le slam que Renaud a écrit il y a quatre ans et qui, selon les déclarations du chanteur énervant, figurera parmi les quatorze chansons de son nouvel album à paraître en avril.

 (À lire également sur lavenir.net)

« Toujours vivant, toujours debout« , c’est peu dire que Renaud a réussi son retour. Peut-être pas par la finesse de son texte, mais par son engagement, sa voix chaleureuse et éraillée par la vie, sa présence si regrettée au long des dernières années. Sans mentir, Renaud a choisi de s’en sortir et sa chanson de rédemption n’en est que plus vibrant en dépit de quelques petits défauts qui seront, je le crois dur comme fer, gommé par l’album à venir. D’autant que Toujours debout reste supérieur à bien des chansons de chanteurs émergeant se contentant de banalités et de refrains trop répétés et sans substance. C’est plus que de la musique, c’est un combat à taille humaine qui pousse un homme à s’en sortir.

En bien, en mal, en sincérité surtout, ce Toujours Debout a été un choc pour bien des fans. Imaginez, après quelques interventions médiatiques chaotiques, et un « Ta Batterie » à la voix aussi désarmante qu’hyper-touchante, voilà que Renaud retrouve une voix, claire, distincte, sans hésitation et, soyons justes, bien meilleure que sur le précédent album « Molly Malone » (lui aussi bouleversant dans les affres de sa voix). Et c’est avec cette voix, ressuscitée et reconnaissable entre toutes que Renaud a donné une longue interview à France Inter. Celle du retour.

Au moment d’en dire plus sur son album à venir (à 7’30 ») au micro de l’incontournable Didier Varrod, Renaud reste pourtant mystérieux, annonçant treize titres plus une piste cachée, un slam écrit un jour à une table de bistro et chanté le soir-même au Café culturel de Saint-Denis, sous la houlette d’un certain Grand Corps Malade. « C’est une chanson un peu spéciale. C’est un slam avec de l’humour. Je reproche aux slameurs actuellement, c’est de manquer un peu d’humour, de poils-bitte-couilles et de pipe derrière la Basilique. De Saint-Denis. » Ce que Renaud ne dit pas, c’est que cet exercice de style n’est pas récent et si la vidéo postée sur Youtube date, en fait, de janvier 2012, la prestation est encore plus ancienne et remonte au 14 décembre 2007, en pleine période Rouge Sang. Et, c »est sur l’institution qu’est le HLM des fans de Renaud (et sur la mine d’or qu’est son forum), qu’on en apprend plus sur le contexte de ce slam. Qui n’était pas le premier. En effet, c’est le 15 février 2004 que Lolita emmène son papa au café culturel de Saint-Denis, ce jour-là, Renaud déclamera un texte en hommage à Ingrid Bettancourt (bien avant la chanson « Dans la jungle »). Puis, près de quatre ans plus tard, Renaud réinvestira la scène du café convivial avec le slam qu’il exhume aujourd’hui. Un moment immortalisé par un fan et laissé sur Youtube. On vous laisse l’écouter! Vous avez le droit de fumer en regardant mais pas de vous boucher les oreilles, comme le demande le phénix.

Et voilà le texte:

« Pour Karim pour Fabien
Les détrousseurs de rimes
Défricheurs de quatrains
Sans dictionnaires de frime
Pour ces petits frangins
Déjà bien plus grands qu’moi
Qui m’enterreront demain
Si c’n’est pas fait déjà
J’voudrais offrir ce slam
Un peu ripou, bancal
Rigole pas ma p’tite dame
Ou j’te slame une mandale
Ca s’ra mon tout premier.
J’vous vois v’nir les tapettes
« Pourvu qu’ce soit l’dernier »
Vous vous dites en cachette!

Pour Fabien pour Karim
Et pour tous vos potos
J’ai torché ces pauvres rimes
Ce matin au bistro
J’vais vous les balancer
A capella, vaut mieux
J’vais pas vous imposer,
En plus, ma zik de vieux
Ca s’ra pas un hommage,
Plein d’clichés, d’lieux communs
Style « Putain j’ai la rage,
Vous écrivez trop bien »
Comme chuis un poil pudique
Je vais pas vous sucer,
Surtout pas en public,
On n’est pas chez Cauet…

Pour Karim pour Fabien
Qui parfois me citez
Au milieu d’quelques uns
Dont vous vous prétendez
Un p’tit peu les enfants
Ou voire les héritiers
J’voulais vous r’tourner l’compliment
De manière détournée
J’vais chercher la p’tite bête,
Dans vos slams, dans vos bouches
Même si j’adore vos textes,
J’aime enculer les mouches
Alors j’vous dirai que,
Malgré tout l’amour
Que j’ ai pour vos couplets,
Ça manque un peu d’humour
Que malgré la passion
Que m’inspire votre vécu,
Ça manque un peu d’nichons,
Ça manque un p’tit peu d’cul..!

Pour Fabien Pour Karim,
Portes-voix des cités
Quand j’analyse vos rimes,
J’me dis un peu « fait chier! »
Z’avez pas d’autres mots,
qu' »périphérique » ou « keufs »
Pour décrire vos ghettos,
Parlez-moi de vos meufs!
Au lieu de vous répandre
Sur des banlieues d’embrouilles
Dites-moi si vos femmes bandent
Quand elles pensent à vos couilles!
Plutôt qu’poétiser,
« Fraternité, marmots »,
Dites-nous quand vous niquez,
Si elles crient « Renaud!! »

Pour Karim pour Fabien,
Qui ont qu’le mot « police »
À longueur de quatrains
Quand j ‘attends « clitoris »
Ils disent « quatre-vingt-treize »
Pour parler d’leur pays
Quand j’attends: « hé, ça baise
Comme des dieux à Saint D’nis! »
Vous parlez de la lutte
Pour des vies moins tragiques
Mais jamais des turluttes
Derrière la basilique.
Des gamins qu’ont la frite,
D’leur exploits,
D’leurs envies
Mais jamais des coups d’bites
Dont ils sont tous sortis!

Pour Fabien, pour Karim,
Quand l’premier rime en « sein »
Et le second en « pine »
Je vais conclure enfin
Sans rajouter d’couplet,
Sans l’hymne à la sodo
Sans les culs à bouffer
Qui manquent à vos brûlots
J’termine mon poème,
mon slam un peu vulgos
Plein de mouille et de sperme
Qui n’choquera qu’les craignos
J’vous autorise quand même,
Si vous m’trouvez trop nul
Quand j’vous dis « Je vous aime »
À m’répondre « On t’encule »

À noter que si Renaud se sent des ailes nouvelles (normal pour un phénix) dans le domaine du slam, l’une de ses toute premières chansons, jamais commercialisée. Tout ça ne nous rajeunit pas, c’était en 1968 et la chanson s’intitulait « Crève Salope ». Peu de fans l’ont oubliée.

Pas oublié non plus, le très court Slam: SDF

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