Après une première prestation passée quasi inaperçue en août dernier dans le cadre du Festival Openluchttheater à Ostende, Bianca Casady était de retour en Belgique ce 13 novembre – au Botanique cette fois – avec son nouveau projet.
« Au même moment, Paris était attaquée par des terroristes avec une ampleur jamais connue avec notamment plusieurs dizaines de morts au Bataclan. Les faits ne sont pas liés et pourtant ils le sont intimement. Difficile aujourd’hui, 14 novembre, de fermer les chaines d’infos et se dire qu’un compte-rendu de concert a du sens face à une telle actualité. Et pourtant, plus que jamais il importe de défendre la culture, vecteur de paix, d’échanges, de découvertes. Les terroristes ont notamment attaqué la culture, ne les laissons pas gagner le combat ! Même s’il peut paraître dérisoire de parler d’un – superbe – concert alors que plus de 100 familles sont endeuillées… »
Davantage connue pour son duo avec sa sœur Rosie, Cocorosie, Bianca nous revient ici en solo mais néanmoins bien accompagnée : une choriste touche à tout et quatre musiciens – The C.I.A. occupent le bord de la scène. C.I.A. ? Aucun lien avec l’agence de renseignements, si ce n’est un goût prononcé pour le travail dans l’ombre.
Le concert débute d’ailleurs avec les musiciens cachés par une toile tendue. Une fois celle-ci tombée, ils ne seront pas pour autant mis en lumière : le regard est mobilisé ailleurs, sur le centre de la scène laissée libre pour Biño Sauitzvy, un « performer » – danseur ? comédien ? clown ? – qui fait de ce concert un projet hybride, plus proche du théâtre expérimental que du concert traditionnel. Projet il est vrai d’ailleurs adapté d’une pièce de théâtre montée en Norvège par Bianca quelques mois plus tôt, Mother Hunting.
Univers déroutant, des éclairages qui mettent autant en valeur ce performer qu’ils isolent dans l’ombre la jolie Bianca. Comme pour dire « le spectacle est ailleurs ». Il faudra attendre la fin du concert et l’unique rappel pour qu’elle se présente au regard des spectateurs sans se cacher derrière un spot aveuglant, son chapeau melon ou un éventail.
Pendant une petite heure, nous avons donc retrouvé l’éclectisme musical des sœurs Casady, des sons aux origines étranges, des objets du quotidien devenus instruments mais poussés au paroxysme. Point d’arc-en-ciel ou de licorne colorée ici : Bianca est la face sombre du duo, elle emmène sur ce projet solo son univers crépusculaire. « J’imagine que quand Tom Waits fait des cauchemars, ils doivent ressembler à un show de Bianca Casady » peut-on lire sur Twitter après un de ces précédents concerts. Le ton est donné !
L’expérience – car c’est bien de cela qu’il s’agit – évite les mélodies faciles, ose la dissonance (ah ce violon dont le son est autant dû aux pincements des cordes qu’au frottement du bois contre la chaîne portée par Bianca), en met plein les oreilles mais aussi la vue. Sur le sol, littéralement, ainsi que sur l’écran qui diffuse sans cesse des vidéos sombres de Corentin Leven, scénographe français installé en Norvège, déjà présent sur le projet « Mother Hunting ». C’est déroutant. Envoûtant. Hypnotique.
L’Orangerie du Botanique était loin d’être pleine (alors que Cocorosie remplit allègrement le Cirque Royal), le public est dérouté, peu semblent savoir exactement à quoi s’attendre mais l’alchimie fonctionne. La magie noire ? On ne ressort pas tout à fait indemne d’un tel concert, on se demande comment le décrire, le qualifier, était-ce même un concert ? Et une fois les lumières rallumées, on se dit « vivement la suite ».
La suite ? Un album, Oscar Hock, préparé en Argentine devrait sortir début 2016 : espérons que la magie qui opère sur scène sera toujours présente lorsque la musique sera isolée de son environnement visuel et des chorégraphies de Biño Sauitzvy. Un coffret CD/DVD serait probablement plus approprié. A suivre !
Pour patienter, les fans de Bianca et de sa sœur pourront se consoler en écoutant le dernier opus de Cocorosie, Heartache City, sorti dans les bacs mi-octobre. Ou rattraper la tournée de ce Porno Thietor hors-norme, par exemple à L’Alhambra à Paris fin novembre. Paris, nous y revoilà. Car il faut continuer d’aller à des concerts, d’aller à Paris. Et de se battre pacifiquement pour que la culture soit plus forte que la haine et la peur.
Texte et photos : Benoît Demazy
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Bonjour,
savez-vous si le concert du 30/11 est maintenu ?
Pas facile d’avoir des infos.
Merci
Bonsoir,
oui le concert du 30 Novembre à PARIS Alhambra est maintenu !
A très bientôt 😉