Stephan Eicher et Selah Sue pour une première soirée sur les bords d’un monde solidaire

Il aura fallu le temps, samedi soir, pour que le public, fort mouillé, se sèche et retrouve ses
esprits. Pourtant le concert des Ogres de Barback était très réussi: malgré leur vingtième
anniversaire (qui ne se ressent d’ailleurs pas), ils sont toujours de toute première jeunesse pour faire danser enfants, parents et grands-parents. Même si la pluie a trempé les bougies du gâteau, les Ogres ont assuré, également accompagné de la fanfare béninoise Eyon’lé pour donner couleurs à la grisaille DSCN4541météorologique. Après quoi, repu de danse, le public s’est accordé un temps mort dont a, malheureusement, fait les frais le rappeur Youssoupha, sorti de sa préparation d’album pour remplacer Mos Def, malade. Le Français a tout essayé pour motiver un public qui manifestement n’avait pas envie d’entendre du rap français. Dommage, Youssoupha méritait mieux!

Stephan Eicher, délicieux réinventeur permanent

Mais les tracas pluvieux sont bien vite oubliés: Stephan Eicher envahit la scène avec ses extraordinaires musiciens et fait taire la rumeur de la pluie pour mieux nous entraîner dans son monde. Il est toujours incroyable, à l’heure des concerts standardisés, de voir à quel point le Suisse met un point d’honneur à la constante réinvention. DSCN4568Un peu comme DAAN, par chez nous, l’artiste a tout testé et n’a jamais sorti deux fois le même disque. Et, comme s’il n’aimait pas qu’on ne se souvienne de lui que pour ses vieux titres, il les arrange indéfiniment, leur donnant profondeur et sensibilité. Tout en plaisantant, aussi: « J’ai un peu l’impression que vous avez sorti vos pulls, vos parkas et vos parapluies, vous avez dit: je veux bien aussi entendre les anciennes chansons de Stephan… Non non non, je ne le fais pas mais quel courage que vous avez de venir ici ce soir! » Vous êtes venus avec vos parkas, vos  Ceux qui venaient pour les tubes (un formidable Déjeuner en paix) les ont eus mais en version inattendue, tantôt folk, tantôt jazz. Avec un violon omniprésent nous emmenant entre sioux et cowboys de l’Amérique de Nord. Les plus jeunes sont d’ailleurs surpris. Comme Régis, 22 ans: « Je pensais venir pour de la musique de vieux. Si c’en est, je suis plus vieux que je ne le pensais! J’ai adoré.«  Sobre, le Suisse n’a pas non plusDSCN4877hésité à parler et à écouter le public (l’inverse n’est pas vrai vu le peu de respect qu’ont certains, parlant et criant à qui mieux-mieux) et à interpeller le bar pour faire silence: « Qui sont ces gens qui parlent politique derrière moi? Et la paix là derrière, on travaille ici! Ce sont les VIP qui font ça d’abitude, very impolite person! » Avant d’improviser à la demande d’un fan, et à la batterie, unEisbär et de finir en fanfare (au sens premier du terme) sur une chanson bernoise. On regrettera que la scène du Théâtre de Verdure soit trop élevée que pour laisser, comme l’année passée, le troubadour et ses musiciens, envahir le public. Le concert devait durer une heure, mais infidèle à la mythologie de la précision horlogique suisse, Stephan Eicher a joué 1h15. Un beau cadeau.

Selah Sue rit 

DSCN4973Fin de soirée mais pas fin de fiesta: après l’intimité « eicherienne », c’est l’exubérance de la Belge de l’étape, Selah Sue. Sourire jusqu’aux oreilles de bout en bout du concert, le cocktail servi au publi détonnait de soul, de reggae et de blues. D’une maturité impressionnante pour celle qui n’a que 25 ans. Et s’il manque parfois un peu de nuance et d’émotion submergée par tant de puissance vocale, Selah prouve qu’elle a (déjà) tout d’une grande. Show-woman avec ça. Et samedi, c’était au tour de la citadelle de s’en rendre compte. Avant l’arrivée, dimanche, des pointures que sont Arno, Blondie ou Maxime Le Forestier.

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