Saint André – La proposition

Entre la Corse et Bruxelles, il y a Jean-Charles Santini, ou plutôt… Saint André. Il y a quelques semaines, le chanteur révélé il y a sept ans sur le plancher de nos scènes, le Français (et ex-étudiant à Liège) revient avec son troisième album, quatre ans après le précédent, le très réussi Mon jour de chance. 

Saint André vous le connaissez certainement, c’est l’homme des hits Un autre que moi, Bleu de toi ou dernièrement de l’imparable Comme un éléphant. C’est une voix reconnaissable entre toutes, grave et profondément charmeuse.

Des chansons à la pop entraînante et convoquant les belles heures de la pop anglaise et de la chanson française grâce à des textes relevés. Des engagements aussi comme en témoignait le brillant et très rock premier album. Depuis, Jean-Charles/Saint André a voulu tester de nouvelles choses, prendre des virages et cette Proposition en est le témoin entre électro et pop romantique, un peu plus loin des sentiers battus que le groupe avait jusqu’ici tracés… avec de jolies surprises mais aussi quelques défaites de ce petit Napoléon qui conquiert toujours le cœur des Belges en festivals (Saint André n’ayant pas encore réussi à conquérir la France –  on se demande pourquoi! -,  il multiplie les concerts en Wallonie).

L’album prend ses marques et ses premières notes avec l’inévitable Comme un éléphant, frais, mélodique, une belle entrée en matière. La suite est un peu moins glorieuse avec le plus country Bop Be Hop, archétype du tube en puissance mais un peu vide de sens. En dessous de ce à quoi le Corse nous avait habitués. Le judoka marque un virage tranchant et radical pour verser dans l’électro et le texte désespéré, quasi murmuré du chanteur. Rythmé par des sonorités nouvelles pour le groupe. Avant de repartir à deux pieds dans les engagements et les valeurs chères à Jean-Charles. Le printemps, d’abord, comme revivification de l’identité corse du chanteur: un texte poignant et bilingue sur sa patrie, entachée par les événements peu glorieux menés par la mafia et les criminels de tous poils. Vibrant! Après quoi, La grande illusion s’attaque au grand cirque médiatique entre médias, politiques… c’est pas triste de les voir s’agiter. Quelques piques bien sentiesmais qui restent trop gentilles que pour réellement frapper fort. Peut-être, parce que sur cet album, Saint André est plus doué avec les mots doux et le sentimental.

Et c’est tout à son honneur, puisque la suite du disque est très réussie, tout en symphonie (avec un orchestre s’il vous plaît!) et dans le genre “déclaration d’amour”. À Bruxelles et son Botanique (“Un soir sous la rotonde” formidable hommage à cette capitale de la musique), à “Une dame d’un certain âge” (assez intrigant de retrouver cette adaptation d’une chanson de The Divine Comedy qui s’adapte parfaitement au style Saint André). À la femme de sa vie, enfin, avec la plage titulaire; La Proposition évoquant bien sûr une demande en mariage. Plus de six minutes qui renouent avec le style d’origine de Saint André, faisant la part belle aux percussions et tambours, aux ruptures de rythme, loin de la facilité. Un chef d’oeuvre pour conclure un bon album, relevé mais pêchant tout de même par manque de cohérence. Comme si Jean-Charles Santini n’avait pu choisir entre un volet électro et un autre plus symphonique et plus mélodique. Mais au moins a-t-il la volonté de ne pas toujours faire la même chose. Et c’est remarquable de pouvoir évoluer et ainsi d’éviter la lassitude d’un style répété à outrance.

14/20

Album disponible chez Pias, en concert le 5 novembre à l’Ancienne Belgique

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